Je vous en ai déjà parlé dans le post d’ouverture, j’ai un projet. Ce n’est ni un projet secret, ni maléfique. Ni un projet de jeux. Cela fait écho directement à l’article précédent. Depuis plusieurs années, je me rends compte que quelques chose est cassé au pays d’Internet. Aucune nostalgie là dedans, le net que j’aime est en train de disparaître dans le trou noir de l’utilisation massive de notre attention. Nos vies virtuelles sont entre les mains de quelques monopoles, et je ne parviens pas à m’y résoudre.
Il y a quelques mois j’ai lancé une petite boutique : AfterGafa.com. Le but était de vendre des t-shirts sur le thème de notre dépendance au mobile et aux applications dévoreuses de temps. Je l’ai fermée depuis car elle n’a pas reçu beaucoup d’enthousiasme. Ni du public, ni de moi-même. Pourquoi ne me suis-je pas plus investi ? La cause est juste et bonne, certes, vitale même, mais le moyen de la défendre ne me correspondait pas. Critiquer et alarmer est utile et même indispensable, mais ça ne va pas avec mon tempérament.
Ce que j’ai fait de mieux avec Jogg, ce ne sont pas des fiches-tests sur les jeux vidéos du moment. J’ai créé des jeux. Pas les meilleurs jeux du monde, ni les plus profonds ou passionnants, mais c’était mes jeux, ils sortaient de ma tête, et je me suis vraiment amusé à les créer, depuis un brouillon d’idée, jusqu’au jeu fonctionnel et jouable en ligne. En fait, le vrai jeu était pour moi de créer le jeu. De même quand je me suis lancé sur La Fraise, je me suis investi sans compter et vraiment amusé à créer de belles illustrations, et à en faire de beaux t-shirts. Créer est mon moteur, c’est ce qui me donne envie de me lever le matin et d’allumer mon PC et mettre en marche mon cerveau. Ou l’inverse. Ou mieux encore, les deux.
Même si je suis assez râleur par nature, je ne peux rester longtemps dans une posture de constat et de critique. J’ai besoin de proposer, d’inventer et d’imaginer des alternatives.
Le constat est fait, voir billet précédent, il est sans appel. On peut toujours en discuter et se dire que finalement ces réseaux sociaux ne sont pas si mauvais. Après tout, parfois ils sauvent des vies… Bien sûr qu’ils ne sont pas si mauvais ! Ils répondent même à un besoin essentiel : communiquer. Mais leurs ressorts actuels sont franchement néfastes, sans l’ombre d’un doute. Et le résultat est là, sous nos yeux. Hélas, le poids économique et social de ces entreprises est tel qu’elles ne changeront pas. Une telle inertie, bien assise sur des milliards de dollars, rend une attente de changement inutile : il n’y aura ni prise de conscience ni moindre action allant dans le sens de l’intérêt des utilisateurs. Alors certes, le bruit gronde et les propos de Time Well Spent et d’autres commencent à s’entendre, même depuis les confortables fauteuils des CEOs les plus influents. Mais leur modèle est construit ainsi : ils gagnent des montagnes de dollars à nous faire perdre notre temps. Ils ont des actionnaires, des investisseurs, et tout ce petit monde a tout intérêt à dorloter la poule aux œufs d’or. Les bonnes intentions parfois affichées resteront… des intentions.
La solution doit venir de l’extérieur.
Voilà qui est motivant ! Créer et inventer un réseau social dont les intérêt seraient totalement alignés avec ceux de ses membres. A-t-on besoin d’un flux d’information infini ? Doit-on être constamment sollicité et notifié? Comment éliminer le bruit, nocif, fatigant, inutile, pour ne garder que ce qui nous rend plus heureux, plus cultivés, plus libres, plus conscients, plus reliés aux autres ? Peut-on imaginer un réseau social dont le succès ne serait pas basé sur notre temps passé et perdu ? Sur quel critère ? Peut-on envisager une application qui tienne compte de notre attention, forcément limitée et précieuse ? Pourrions nous retrouver sur ces réseaux un temps, plus lent peut-être, mais surtout plus naturel et plus humain ?
Pour l’instant, ce sont donc beaucoup de questions.
Connecter les gens est une noble activité. Internet l’a rendu possible, comme jamais. Facebook ne devrait jamais avoir à rougir d’un tel slogan : « Partagez et restez en contact avec votre entourage. ». La réalité est tout autre. C’est à nous d’imaginer la véritable application qui pourrait concrétiser une si belle intention.
De tout cœur avec toi sur ce nouveau projet.
Merci Gidda, on aura bien besoin de tes ondes bienveillantes 🙂
J’avais beaucoup aimé ce Sitejeux.com à l’époque, ce n’était qu’à l’état de projet aussi, mais le début me semblait très enthousiasmant. Ce côté ludique et cette idée que tout le monde participe à sa création et son évolution sans savoir où aller m’avait bien plue.
Peut-être qu’on pourrait ressortir quelques une des ces idées là ?
😀
Que de bons souvenirs ce site. Les idées fusaient ! Par contre je passais 14h/jour à les réaliser !
C’est tout à fait l’esprit de ce nouveau projet, où tout le monde a son mot à dire. À la difference qu’ici, on sait où on veut aller, on sait ce qu’on veut faire.
Il reste à créer le chemin pour y arriver 🙂
Comme souvent, de très bonnes idées ! J’ai hâte de voir où tu veux en venir.
Merci d’être là 😉 Il va falloir des bonnes idées certes, mais aussi savoir convaincre et réaliser.
Tout un voyage !