Les événements récents nous interrogent sur le rôle joué par les réseaux sociaux. Par leur inorganisation, leur spontanéité, leur absence de hiérarchie et l’agrégation de tendances très diverses, les Gilets jaunes sont les enfants du Net. Sans les réseaux sociaux, ce mouvement serait déjà mort. Avec, il est plus vivant que jamais. Plus imprévisible aussi.
Au moment où on parle, il est impossible d’imaginer la suite. La situation est inédite, elle échappe à toutes nos analyses. Chaque personne, selon son histoire, ses opinions, son activité, ses origines, aura une compréhension totalement différente du mouvement. Et elle aura raison. Et tort à la fois, car son analyse sera forcément incomplète et biaisée.
On peut tout de même noter qu’à l’instar de la plupart des communautés Internet, ce mouvement présente les caractéristiques suivantes :
– il n’a ni leader ni représentant et n’en veut pas,
– il vit dans le moment présent, comme les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continue,
– il est relativement sourd au dialogue et suit sa propre logique,
– il regroupe des tendances autrefois ennemis,
– il s’organise facilement et très vite : une page Facebook agrège des milliers de personnes en quelques heures,
– il est la proie des fake-news et des influences hostiles.
– il est anti-fragile et peut résister à toutes les attaques, intérieures et extérieures,
– il peut évoluer vers l’extrémisme très vite : sur le Net, l’excès est privilégié au détriment de la modération. Seule l’outrance devient virale (cf tweets de Trump).
Tous ces points communs avec ce qui est connu ne doivent pas nous faire oublier une différence notable : ce mouvement est très réel, il est ancré dans la vie, il est fait de rencontres et de confrontations directes. Il n’est pas cloisonné à un espace virtuel, mais il vit au contraire sur les routes et dans les villes. Il est fait de vrais gens partageant de vraies expériences. Sans doute est-ce le germe d’une évolution sociale à venir, profonde et silencieuse. Pour l’heure, il vit dans l’urgence, qui est elle aussi l’enfant du Net. Cet éternel présent (comme aurait écrit Hervé Resse) rend toute prévision vaine.
On voudra juste imaginer que dans ce remous imprévisible se trouvent les ingrédients d’un avenir meilleur.
Pour avenir meilleur on peut entrevoir la volonté d’une plus grande participation citoyennes aux décisions en INTERACTIF (ce qui est très positif au moment où l’on met en exergue le manque de participation aux élections) et non présenté en programme que l’on valide au cours d’une élection tous les cinq ans. Il faudra inventer cette démocratie participative interactive en en définissant les contours pour éviter les dérives.
On peut tout imaginer ! Et votre idée est intéressante, car elle est une évolution logique de la démocratie. Je sais que beaucoup de projets / sites / applis se mêlent déjà de politique et organisent des débats publics sur ce sujet. Comme vous dites, l’élection ne peut plus être le seul moteur de la démocratie.